La valise imaginaire, c'est celle que nous emportons toustes avec nous, celle qui contient nos secrets, nos illusions perdues et celles qui respirent encore, et les souvenirs de nos vies fantasmées.

The Imaginary Suitcase, c'est aussi la troisième incarnation de Laurent Leemans, chanteur et guitariste de Ceilí Moss de 1996 à 2015 et avant ça chanteur du groupe arty-new wave La Vierge du Chancelier Rolin dans les années 90.

Cracker chantait "what the world needs now is another folksinger like I need a hole in my head" et ils n'avaient pas tort, mais en 2012, l’envie de faire vivre certains morceaux qui n'avaient pas trouvé leur place dans le répertoire de ses groupes précédents finit par l'emporter sur l’appréhension de devenir le énième niaiseux à gratte sèche qui ulule ses états d’âme sur deux accords et demie et vous fait comprendre ce que Schopenhauer voulait dire quand il parlait de l’ennui comme expérience métaphysique…

C'est ainsi que Laurent commença à produire une musique sans artifices mais riche en intensité, construite autour d’une voix grave, profonde et versatile (pensez au fils qu'auraient pu avoir Ani DiFranco et Leonard Cohen), capable de caresser, de chatouiller comme de griffer, portant des textes écrits à la lame de rasoir à propos de la vie, de la mort et des moments flippants entre les deux, posés sur des accords faussement simples de guitares acoustique et électrique ou d'autoharp avec quelques percus pour offrir un son étonnamment dense, généreux et varié pour un type tout seul.

Ce projet, entamé comme une simple récréation et dont Laurent n'attendait pas grand-chose hormis le plaisir égoïste de faire exister des morceaux personnels, a pris une ampleur assez inespérée. Après s'être fait les dents dans les open mics et autres scènes ouvertes du royaume (étrange et déstabilisant au début de se retrouver seul sur scène quand on a toujours eu une demi-douzaine d'excellents musiciens sur qui s'appuyer!), les concerts ont commencé à s'enchaîner, puis les articles élogieux et les commentaires enthousiastes dans la blogosphère sans oublier les coopérations ponctuelles avec Jean-François Durdu (de Ceilí Moss, Camping Sauvach et Bow), Marc Gunn (des Brodbingnagian Bards), Jessica Kilroy, Seesayle, Formiga & Cigale, Tiny (de Doosra), Marieke Lightband ou Florence Estragues. On pourrait dire que TIS est un peu devenu un groupe culte, avec un public certes pas énorme par sa taille, mais immense par son attachement et sa loyauté. Qu'iels en soient toustes remercié.es!

Peu après la sortie de l'album The Gods gave you victory today only to make your final defeat more bitter en mars 2021, l'impression d'avoir fait le tour de ce que Laurent pouvait apporter en formule totalement solo se fit de plus en plus forte. Le hasard ou le destin mit alors sur sa route la chanteuse Janaina Costa (OK Lion). Et c'est comme ça que depuis un peu plus d'un an, The Imaginary Suitcase se produit en duo avec des résultats épatants. Les voix de Janaina et de Laurent se marient et se complètent à merveille. Pendant les premiers mois de cette coopération, TIS a travaillé beaucoup de reprises (une bonne manière de s'apprivoiser mutuellement), mais de nouvelles compositions à 4 mains verront bientôt le jour...

Depuis 2012, The Imaginary Suitcase a sorti neuf albums, un live et trois singles en autoproduction et joué presque 400 concerts un peu partout en Belgique et plus épisodiquement (pour le moment, héhé...) aux Pays-Bas et dans le nord de la France.

Pour fêter dignement les 10 ans du premier enregistrement de TIS, Laurent a invité quelques compagnes et compagnons de route avec qui il a déjà eu l'occasion de partager des scènes (et des verres après la scène...) pour revisiter quelques-un de ses classiques. L'EP Alone, we go faster. Together, we go further en est le résultat, disponible depuis la fin novembre 2022, et regroupe des coopérations avec Seesayle, Martin Van de Vrugt, Lady Lullaby, Janaina (évidemment) et Laurence Bouvin. Un EP qui se veut à la fois un bilan et un teaser.

Plus que jamais, à suivre ...